Faut il avoir peur du Brexit ?

La vie n’est pas un long fleuve tranquille pour nos compatriotes installés en Grande Bretagne. Depuis un moment déjà, l’ombre du Brexit plane… Consultez notre dossier

250 000 à 300 000 Français vivent au Royaume-Uni (sur 3,5 millions d’Européens). Selon un sondage OpinionWay publié en novembre, 62% d’entre eux comptent rester au Royaume-Uni après le Brexit, mais ils sont inquiets. Ils craignent pour leur protection sociale (citée à 53%), leur avenir professionnel (46%) et leur pouvoir d’achat (37%). Car en cas de « no deal » (sortie sans accord), les règles migratoires actuelles deviendraient  caduques. Pour éviter que des millions d’expatriés européens ne se retrouvent en situation irrégulière, le Royaume-Uni a donc lancé le mois dernier une application mobile sur smartphone permettant de demander à distance le statut de résident permanent. Le site permet à l’utilisateur de prendre en photo son passeport biométrique et son visage pour confirmer son identité. Le demandeur doit ensuite renseigner son adresse, sa situation fiscale et des informations sur son casier judiciaire. Cette procédure était initialement prévue dans le cadre de l’accord rejeté par le parlement britannique et ouverte aux citoyens européens arrivés avant fin 2020. Le gouvernement s’est toutefois engagé à maintenir le processus d’enregistrement en cas de « no deal ». 
 
Mais seuls les expatriés installés au Royaume-Uni depuis plus de cinq ans et avant le 29 mars pourront faire leur demande. « Dans ces circonstances, ceux qui auront déjà le statut de résident permanent auront un avantage », assure le fondateur du groupe The 3 Million, Nicolas Hatton, qui représente les Européens du Royaume-Uni. Mais quel sort attend les nouveaux venus ? Pour eux comme pour leurs employeurs, c’est le saut dans l’inconnu. Quant à la législation britannique en droit du travail anglais, elle ne devrait pas beaucoup changer après le Brexit, puisque le 20 juin 2018, le parlement britannique a adopté « The European Union Withdrawal Act », une loi qui prévoit l’intégration en droit anglais de l’essentiel de la législation européenne existant au moment du Brexit. « La vraie difficulté se posera en réalité pour les milliers de travailleurs français qui vivaient en France et se rendaient régulièrement en Angleterre pour motif professionnel, précise l’avocat Alain-Christian Monkam. Il sera indispensable que la France et l’Angleterre trouvent un accord bilatéral pour éviter les procédures pénibles de visa réciproques. » 
Parmi ces Français du Royaume-Uni, Nicolas a passé la première moitié de sa vie en Bretagne, la seconde à Londres. Depuis le référendum de juin 2016, l’atmosphère a complètement changé ici, témoigne-t-il : « On est plus conscients de ne pas être Britanniques, on le sent dans le regard des autres quand on parle français dans la rue. Je suis marié à une Britannique, on a une fille de quatorze ans qui ne veut plus que je lui parle français dans la rue. On ne se sent plus accueillis comme on l’était avant, ça fait très mal.» 
Carole Rogers, la présidente de l’UFE à Londres confirme : « Il y a une grande inquiétude de toutes les communautés européennes ici. Si l’on va vers un Brexit dur, qu’est-ce qui va être négocié au niveau des droits des étrangers ici ? »
La sécurité de ceux qui vont rester, aussi, pose question. Alors que pour Antony Couzian-Marchand, directeur général de la société Gallice International, ce n’est pas vraiment un sujet : « Je ne pense pas que ce processus change profondément les menaces, ni leur niveau, sur le continent ou en Grande-Bretagne. Peut-être, marginalement, une criminalité en col blanc exploitera-t-elle ce Brexit en tirant profit d’espaces interstitiels. Mais pour la criminalité traditionnelle et le terrorisme, les processus de lutte et de coopération opérationnelle (très solides désormais) devraient être assez imperméables. »  
 
 
Lire la suite dans notre dossier extrait de La Voix de France, le magazine de l’Union des Français de l’Etranger de Mars 2019

AU SOMMAIRE

L’analyse de François Barry Delongchamps, président de l’UFE
« Brexit ou pas, le Royaume-Uni demeure l’un de nos meilleurs alliés »

Carole Rogers, présidente de l’UFE Londres
Rassurer les Français de Londres

3 questions à… Philippe Sanson, directeur du Cleiss (Centre de liaisons européennes et internationales de sécurité sociale)
« Tout ne s’arrêtera pas brutalement au soir du 29 mars » 

Guillaume Bazard, consul général de France à Londres
Enjeux et perspectives 

Qu’en dit l’ambassade de Grande-Bretagne à Paris ?
« Le Brexit, mode d’emploi » 

L’immobilier français
Le grand gagnant de l’« effet Brexit »

 
 
 
N’hésitez pas également à consulter le site du Ministère de l’Europe et des Affaires étrangères sur le sujet.
 
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