Français à Seattle.La vie continue.

Aucun Français n’est seul à l’étranger. Comment maintenir le lien quand un tiers de la planète est confinée à la maison  ? Témoignage d’Olivier, Président de l’UFE Seattle.

Olivier, qui es-tu  ? Peux-tu te  présenter en quelques lignes ? 

Olivier Fontana : Je suis le président de l’UFE Seattle depuis sa fondation en 2011. Ma famille et moi (ma femme et trois enfants), sommes expatriés depuis 1998. Nous avons vécu tout d’abord sept ans aux Pays-Bas, puis depuis 17 ans à Seattle. Nos enfants sont tous nés dans un pays différent et comme nous ne voulions que trois enfants nous sommes donc coincés aux USA. 🙂

Quelles sont les mesures prises à Seattle pour lutter contre l’épidémie de COVID – 19

Olivier Fontana : Depuis début Mars, la plupart des sociétés dans la technologies sont passées à ce que l’on appelle ici le WFH (work from home). Suite à un manque de civilité, moindre que ce nous avons vu dans les journaux français mais suffisant pour que ce soit dangereux, tout l’état du Washington est passé en mode confinement (« Stay safe, stay home »).
Tous les commerces non essentiels sont fermés.
Pour la petite histoire, il est amusant de remarquer que les « liquor stores » et « cannabis dispensaries », c’est-à-dire les magasins de vente d’alcool et de cannabis (légal dans la région depuis cinq ans) sont considérés essentiels. Heureusement, pour les sorties pas besoin ici de rester à un kilomètre de la maison ou d’imprimer un formulaire. Quant aux études et travail, tout le monde est passé au télétravail. C’est plus dur pour le système primaire et secondaire, qui n’était pas vraiment prêt. Par contre les universités, où deux de nos enfants sont, ont basculé facilement. Il y a beaucoup d’employés dans la technologie ici et le télétravail est quelque chose de courant, soit de façon permanente (rarement) soit ad-hoc (quand un plombier doit passer à la maison entre 10h et 14h par exemple) donc la transition a été plutôt facile et sans douleur.
Entre les gros quartiers généraux de dizaines de milliers d’employés (Amazon, Expedia, Microsoft, Starbucks), les bureaux locaux conséquents (plusieurs milliers d’employés) de plusieurs grosses sociétés technologiques de la Silicon Valley (Google, Facebook,  Salesforce/Tableau, Oracle), les nombreuses start-up et les étudiants, avant même le confinement obligatoire et la fermeture des entreprises non essentielles, j’estime qu’environ un-demi-million de personnes étaient passées en travail à la maison, sur environ quatre millions d’habitants dans la région de Seattle ! 
 
Je travaille donc de la maison, pour une société de conseil en intelligence artificielle, depuis plusieurs semaines. Nous habitons dans une banlieue boisée et donc et j’en profite pour sortir marcher prendre l’air avec ma femme quasiment tous les jours. 

Comment l’UFE parvient elle à maintenir le lien social à distance ? 

Olivier Fontana : Avec cette situation, bien évidemment, les activités de l’UFE ont été bien réduites. Nos deux clubs théâtre ont du repousser leur trois représentations respectives prévues en mars et mai à une date inconnue, les apéros « happy hours » et cafés rencontres mensuels on été annulés et nous croisons les doigts pour voir si notre grand rendez-vous annuel du barbecue de début d’été pourra avoir lieu ou non. Pour le moment nous nous focalisons sur l’information et la communication. Un premier évènement virtuel, que nous avons soutenu, a eu lieu le samedi 4 avril cependant, un diner musical virtuel. Toutes les personnes (plus de 100 au total) ont acheté le même repas (bœuf bourguignon !) auprès d’un boulanger, caviste et traiteur français local. Un artiste local nous a régalés d’un concert acoustique sur Zoom pendant le repas, un entrepreneur français a concocté un souvenir (un porte-clef décapsuleur approprié en période de confinement), et 4$ de chaque repas ont été reversés à la chambre franco-américaine de la région pour les soutenir (et leur employés) alors que tous les évènements ont été annulés.

Des conseils pratiques pour mieux vivre l’isolement social ?

Olivier Fontana : Il y a des centaines de conseils déjà partagés donc je ne vais parler que de choses qui,peut-être, ne sont pas évidentes pour tous. Premièrement, restez connectés ! Selon les personnes, les moyens utilisés varieront , donc soyez ouverts. Que ce soit téléphone, textos, email, Skype, WhatsApp, Facebook, Snapchat ou LinkedIn, selon leur génération et habitudes vos amis et familles n’utiliseront pas toujours le même outil. C’est le moment d’être présent sur tous les fronts ! Mon deuxième conseil est de trouver des raisons pour se retrouver en ligne avec vos proches, famille ou amis. De mon côté, nous nous retrouvons régulièrement avec mes amis pour des parties de Tarot virtuelles. Skype pour l’appel vidéo à cinq, boardgamearena.com pour le tarot, et bien sur un petit apéro sur le côté. Pour finir, ne pas oublier que nous sommes Français et que, comme Beaumarchais écrivait, « nous nous pressons de rire de tout de peur d’avoir à en pleurer » donc j’ai remarqué que d’échanger toutes ces pointes d’humours aide à garder le sourire en cette période très triste.

Un petit message pour les Français aux 4 coins du monde ?

Olivier Fontana : Maintenant, plus que jamais, n’hésitez pas à demander de l’aide, à contacter les gens qui vous n’avez pas contactés depuis longtemps. Nous sommes tous dans le même bateau et ce soutien, même virtuel, est critique pour tenir sur le long-cours. Car cette crise sanitaire et la crise économique qu’elle a provoquée sont malheureusement là pour un bout de temps.
 
Merci Olivier !
 
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